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tait seulement dans le Bas-Canada, qui l’avait gardée, côte à côte avec la dîme du clergé, des institutions de l’ancienne France. Depuis longtemps, et malgré l’esprit fort peu révolutionnaire des Canadiens français, un vif mouvement d’opinion s’était prononcé contre ce régime, et, depuis plusieurs sessions aussi, le Parlement canadien avait mis cette grande question à l’étude, sans pouvoir toutefois s’entendre sur les moyens de la résoudre de façon à ne léser aucun intérêt légitime. En 1855, après des débats prolongés, on parvint cependant à rallier une assez forte majorité autour de la loi réglant « l’abolition des droits et devoirs féodaux dans le Bas-Canada ». De toutes les charges dont le tenancier ou « censitaire » était grevé sous le régime de la tenure seigneuriale, il ne lui resta plus qu’une légère rente foncière, qui remplaçait l’ancien droit de cens et rente, mais dont le tenancier pouvait se racheter à volonté. Le Gouvernement se chargea d’indemniser les seigneurs des droits de quint, de banalité, de lods et vente, que leur enlevait la loi : une somme d’environ 650,000 livres sterling fut affectée à cet objet[1].

Mais déjà le ministère Hincks-Morin, qui avait préparé cette importante mesure, n’existait plus. Il avait été remplacé, dans une partie de ses éléments, par des hommes nouveaux, pris dans les rangs des conservateurs du Haut-Canada, et il était devenu le ministère Mac Nab-Morin (septembre 1854). La nouvelle admi-

  1. Une autre loi de la même époque à peu près (1855) réforma le système monétaire du Canada, en y introduisant le système décimal. La piastre américaine ou dollar, de la valeur de cinq francs environ, fut prise pour unité monétaire et divisée en centins ou sous qui correspondent à cinq centimes de notre monnaie.