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même, d’étroite amitié. Les deux explorateurs, laissant leurs vaisseaux à Tadoussac, remontèrent le fleuve sur une chaloupe jusqu’au saut Saint-Louis où Jacques Cartier s’était arrêté en 1535. Ils reconnurent les alentours du saut, notèrent au passage la position de Québec ; après quoi, et ayant dressé une carte exacte de ses reconnaissances, Champlain revint en France et présenta au roi le récit de son voyage[1].

Sur ces entrefaites, le commandeur de Chaste étant mort, son privilège fut transféré par Henri IV à l’un de ses anciens compagnons d’armes : Pierre de Mons, sieur du Gua, gouverneur de Pons en Saintonge. Ce gentilhomme « étoit, dit Champlain, de la religion prétendue réformée, mais il avoit rendu de bons services à Sa Majesté pendant toutes les guerres passées et elle avoit en lui une grande confiance pour sa fidélité, comme il a fait paroistre tousjours jusqu’à sa mort ». De Mons n’était, d’ailleurs, pas étranger au pays dont il venait d’être fait gouverneur. Il avait déjà accompagné Chauvin, lors de sa première expédition, et Champlain nous le montre « porté d’un zèle et affection d’aller peupler et habiter le pays de la Nouvelle-France et y exposer sa vie et son bien ». Un des articles de sa commission stipulait que les sauvages seraient instruits dans la foi catholique ; mais en même temps les huguenots obtenaient la liberté de professer leur religion dans les colonies qu’on établirait, comme ils l’avaient en France. Ce n’est que plus tard, sous Louis XIII, qu’on revint sur ces dispositions tolérantes.

  1. Cette narration a été publiée, en 1603, sous ce titre : Des Sauvages ou voyage de Samuel Champlain.