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M. Arch, le célèbre président de l’Union des ouvriers de ferme anglais. Et les auteurs canadiens sont obligés de souscrire à cette condamnation sommaire des procédés d’agriculture de leurs compatriotes. « L’agriculture est-elle parmi nous ce qu’elle devrait être, écrit M. Edmond Lareau[1]. Il suffit d’interroger le premier agronome venu pour s’assurer que la production fournit à peine à la consommation, et que le rendement annuel des récoltes est de trente pour cent trop faible eu égard à la fertilité du sol. Le mal existe donc. D’où provient-il ?… C’est l’esprit de routine qui fait notre mal. C’est dans la force de cette routine qu’est tout le secret du dépérissement agricole de notre pays. »

Tous les voyageurs français qui ont visité le Canada et se sont mêlés à la vie de ses habitants ont été surtout frappés de cette espèce d’immobilité dans laquelle la masse de nos anciens compatriotes semble comme figée. Nous voici bien loin, on le voit, des débuts de ce livre qui nous montraient surtout des Huguenots à l’œuvre dans l’entreprise de la colonisation de l’Amérique française ; bien loin des projets de Coligny et de Henri IV qui rêvaient, l’un et l’autre, de faire de la « Nouvelle-France » le refuge et comme le champ d’asile de la Réforme française. Aujourd’hui le Canada pourrait être appelé plutôt le champ d’asile de l’ancien régime. C’est une Bretagne ou une Vendée (d’il y a soixante ans), qui se prolonge au-delà de l’Océan, sur ce continent d’Amérique qui semblait le moins propre à l’acclimatation de ces idées de conservatisme obstiné. Si l’on veut se faire de nos jours une idée de ce

  1. Mélanges historiques et littéraires. Article : La Réforme agricole. Montréal. Sénécal.