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gary et de Prescott, qui font partie de la province d’Ontario, tandis que la rive droite du Saint-Laurent, à partir du ruisseau de Raquette, arbore le drapeau constellé des États-Unis. Nous sortons là du Canada proprement français et « le doux parler » de France cède peu à peu la place aux sons plus gutturaux de la langue des Anglo-Saxons.

Tout le long de l’Outaouais s’échelonnent : Vaudreuil, Carillon, Grenville, Calumet, l’Orignal, autant de bourgades déjà françaises par la désinence et qui tendent à le devenir de plus en plus par la population qu’elles abritent. Le large courant de l’Outaouais sert ici de limite entre le Haut et le Bas Canada, sans séparer, d’une façon absolue, les deux races. Le comté d’Argenteuil, autrefois presque exclusivement colonisé par des Anglais, a vu, depuis vingt ans, l’élément franco-canadien se renforcer avec une rapidité foudroyante, et l’on peut prévoir qu’il y dépassera bientôt l’élément anglais.

Dans le comté d’Ottawa, le dernier recensement indiquait 30,433 Français d’origine, contre 11,726 Irlandais, 2,836 Anglais et 2,766 Écossais. Dans le vaste comté de Pontiac (bourg principal : Portage-du-Fort, où la population se compose surtout de bûcherons et de « voyageurs » de la forêt, l’élément irlandais forme jusqu’à présent la majorité numérique, mais l’élément français, là aussi, gagne du terrain et tend à s’assurer de plus en plus la prépondérance.

Si, sur la frontière est, les Canadiens peuvent sortir de la province de Québec sans quitter le territoire de leur Puissance, il n’en est pas de même du côté sud où la province de Québec est immédiatement limitrophe