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car Delatour ne put rejoindre son fils. Le bâtiment sur lequel il s’était rembarqué en 1628 fut, en effet, capturé par une croisière anglaise que commandait Kertk.

« Ici se place, dit M. Rameau[1], une des légendes les plus répandues dans l’Amérique du Nord, bien que son authenticité soit très contestable. Claude de Latour, conduit en Angleterre, aurait été séduit par sir Alexander, qui lui aurait promis un titre de baronnet avec un fief pour lui et pour son fils, s’il décidait ce dernier à reconnaître sa suzeraineté et à lui remettre les postes qu’il occupait dans l’Acadie. Claude de Latour, mis à la tête d’une expédition, aurait échoué vis-à-vis de la magnanime résistance de son fils, qui l’aurait laissé à la porte de son fort, en refusant de l’écouter, même par les meurtrières. Sur ce texte, dont nous abrégeons les détails, ont été publiés en Amérique un nombre prodigieux de romans, de drames et même des tragédies en vers. En réalité, les seuls faits qui nous soient connus d’une manière sérieuse sont : la lettre de Charles de Latour au roi de France, l’envoi de son père en France, la prise de celui-ci par Kertk, et l’inscription de leurs noms sur le rôle des baronnets de William Alexander. »

Quoi qu’il en soit de cette tentative, le comte de Stirling en fit une autre, moins aléatoire, en envoyant, en 1629, dans « son » territoire de « Nouvelle-Écosse » un convoi monté par un certain nombre de familles écossaises (en tout, une centaine d’individus, y compris les femmes et les enfants), qui furent débarquées en face de Port-Royal, sur l’autre branche de la baie

  1. Opere citato, p. 57.