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1621, le roi Jacques Ier octroyait à sir Alexander, comte de Stirling, un territoire qui, sous le nom de « Nouvelle-Écosse », devait comprendre toute la péninsule d’Acadie, plus le territoire actuel du Nouveau-Brunswick, la Gaspésie, les îles Saint-Jean et du Cap-Breton. Une première entreprise que fit sir Alexander en 1622, pour entrer en possession de cet immense domaine, échoua complètement ; les colons qu’il y avait envoyés ne trouvant pas d’endroit propre pour s’y établir, ou peut-être effrayés par l’attitude des sauvages, alliés des rares Français qui s’y trouvaient encore depuis la mort de Poutrincourt, rebroussèrent chemin et revinrent en Angleterre sur le même navire qui les avait amenés. Biencourt, le fils de Poutrincourt, étant décédé à peu près en ce temps (1624), son ami, Charles Delatour, à qui il avait confié, en mourant, son héritage, son autorité et tous ses droits, s’attacha à continuer l’œuvre de ses prédécesseurs ; seigneur, hélas ! sauvage et aventurier, qui comptait parmi ses vassaux plus d’indiens peut-être que de Français (ceux-ci n’étaient probablement qu’une vingtaine), et dont le manoir finit par devenir un campement mobile sous les voûtes de la forêt[1].

Inquiété par les démonstrations des Anglais dans son voisinage, Charles Delatour résolut de faire un grand effort pour renouer les relations brisées entre l’Acadie et la mère-patrie. Il envoya, à cet effet, son père, Claude Delatour, en le chargeant d’une supplique pour le roi de France, dont le texte s’est conservé[2]. Nous ignorons quel accueil la cour fit à cette supplique ;

  1. Rameau. Une colonie féodale, p. 35.
  2. Lettre du sieur de la Tour au roi. Collection de M. P. Margry.