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fortifiaient chaque jour par l’arrivée de nouveaux renforts ! Un auteur contemporain n’estime pas à moins de vingt mille pour une période de dix ans (1627-1637) le nombre des colons qui passèrent ainsi sur les côtes du Massachussets ou du Maryland.

Les Iroquois, que Champlain avait autrefois un peu imprudemment provoqués, devenaient d’ailleurs un danger sérieux pour la colonie. Le fort Richelieu (nommé par la suite Sorel), que M. de Montmagny fit bâtir pour les tenir en respect au débouché de la rivière des Iroquois (rivière Richelieu), devint l’objet de leurs premières agressions et on eut quelque peine à les repousser. À chaque instant et sous des prétextes souvent futiles, ils « levaient la hache » quitte à « l’enterrer » ensuite pour la relever un peu plus tard. Nos alliés, les Hurons, furent les premières victimes de leurs incursions sauvages ; mais les Français ne demeurèrent pas à l’abri de leurs coups. Les missions que les jésuites avaient établies parmi les tribus huronnes furent plus d’une fois assaillies et détruites. En 1649, le P. de Brébeuf[1] et le P. Lalemant, saisis par ces forcenés, furent brûlés vifs après d’atroces tortures. Les Iroquois, exaltés par leur propre fureur, exterminèrent tout ce qu’ils purent de la « nation huronne », et firent un désert d’un pays autrefois populeux. Nos forts seuls purent tenir contre les attaques de ces bandes dangereuses qui connaissaient toutes les ressources de la guerre de bois et d’embuscades. Les laboureurs ne pouvaient s’aventurer même à proximité des habitations, sans être armés jusqu’aux dents ; encore étaient-ils souvent, malgré

  1. C’était l’oncle du traducteur de la Pharsale.