Aller au contenu

Page:Révoil - Les animaux historiques.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
ANIMAUX HISTORIQUES

pierres qui en garnissent le fond, quand je me sentis saisi par le pan de mon habit : c’était Ralph, qui était accouru, et me retenait suspendu sur l’abîme. J’étendis les bras et je rencontrai quelques ronces ; je m’y cramponnai et je restai ainsi penché sur l’abîme jusqu’à ce que le brouillard fut dissipé. Jugez de mon effroi, lorsque je me vis accroché au-dessus d’un gouffre dont mon œil pouvait à peine mesurer la profondeur. Je voulus essayer de remonter, mais je me convainquis bientôt de l’inutilité de cette tentative, car le précipice est presque perpendiculaire. J’y renonçai et pris le parti de chercher plutôt à descendre jusqu’au fond ; je réussis dans cette entreprise, toujours à l’aide des ronces et des bruyères, surgissant çà et là dans les fentes des rochers. J’ai passé une nuit terrible, car je pensais à vous, ma mère, aux inquiétudes dans lesquelles ma disparition allait vous plonger. J’avais bien froid ; mais Ralph s’étendit sur moi et me réchauffa. Le matin une faim cruelle me dévorait. Tout à coup Ralph, qui grimpe beaucoup mieux que moi, me quitta. Je me crus abandonné et je pleurai amèrement ; mais au bout d’une heure à peu près, je fus complètement rassuré à cet égard en le voyant reparaître. Il tenait dans sa gueule un morceau de pain qu’il déposa à mes pieds. J’en fis deux parts :