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Page:Révoil - Les animaux historiques.djvu/87

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LES CHIENS DU MONT S.-BERNARD

les douleurs, toutes les fatigues du corps et les impressions morales les plus tristes et les plus pénibles les attendent dans l’accomplissement de leur tâche. Jamais leurs yeux ne se reposent que sur une nature morte et désolée, que sur les misères et les souffrances de l’humanité ; jamais les doux moments que donnent un beau ciel, une tiède température, une riante et heureuse contrée, que donnent les arts et l’industrie de l’homme, n’arrivent pour eux ; jamais les joies de la vie, jamais le repos, jamais le calme ! Pendant que les uns remplissent à l’hospice tous les soins d’une domesticité volontaire, les autres s’élancent en enfants perdus au milieu des tempêtes et des frimas, interrogeant les neiges, écoutant les moindres sons, et se précipitant à travers tous les périls au premier indice, au premier signal de détresse. Si leur énergie de dévouement s’exalte dans une pareille lutte contre les éléments, leur force physique s’épuise bientôt, leur santé s’altère, et une vieillesse anticipée les oblige de quitter leur belle œuvre. Rarement voit-on des cheveux blancs sur le front des religieux du mont Saint-Bernard : la jeunesse seule peut résister au séjour de l’hospice. Mais, en sortant de la milice la plus active, les moines invalides ne vont pas trouver le repos ; ils font d’abord un service moins pénible