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DE PHYSIQUE.

l’intermède des organes du mouvement ; et lorsqu’il veut descendre, il n’a besoin que d’expulser assez d’air de sa vessie, pour qu’il en résulte une diminution de volume, qui le rende plus pesant que le volume d’eau qu’il déplace. Quelques poissons, qui sont privés du canal pneumatique, paroissent agir directement sur l’air renfermé dans leur vessie, pour le comprimer ou lui permettre de se dilater.

Des observations faites par Geoffroy, et que ce savant naturaliste a bien voulu nous communiquer, prouvent que dans les deux familles de poissons nommées diodons et tétrodons, c’est l’estomac qui, en se gonflant et en se resserrant, suivant que le poisson y introduit de l’air ou expulse une partie de celui qui en occupoit la capacité, fait réellement la fonction de vessie natatoire ; en sorte que la destination de cette vessie, qui néanmoins existe toujours, est de se porter, à l’aide d’un mécanisme particulier, entre la cavité de la bouche et celle de l’estomac, pour s’opposer à la sortie de l’air, lorsque le poisson veut s’élever. Parvenu à la surface de l’eau, il continue de se dilater ; et bientôt il s’établit une si grande disproportion entre le poids du dos et celui du ventre, que le premier venant à l’emporter, l’animal se renverse. Dans cette position, il flotte au gré de l’eau, en se gonflant de plus en plus ; de manière que son corps, qui naturellement est d’une forme allongée, passe à celle d’un globe dont la surface, hérissée d’épines, présente de toutes parts une arme défensive redoutable aux autres poissons, qui, après avoir poussé ce globe devant eux, sont forcés d’abandonner l’attaque.