Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 1.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

avoit été retiré de l’eau, l’alkohol se trouvoit toujours plus haut qu’avant l’immersion ; mais cette dilatation n’avoit lieu que jusqu’à un certain terme, passé lequel, aussitôt que l’ébullition avoit cessé, la liqueur reprenoit son niveau. Il avoit regardé comme un terme fixe pour chaque espèce d’alkohol, cette dilatation, qui étoit la plus grande que le liquide pût éprouver par la chaleur de l’eau bouillante, lorsque lui-même ne bouilloit pas ; il résultoit de là qu’il y avoit, relativement à un alkohol donné, un rapport constant entre le volume du liquide, qui répondoit au terme de la congélation, et celui du même liquide, dilaté le plus qu’il étoit possible, sans bouillir. Ce rapport étoit plus grand pour l’alkohol rectifié, et diminuoit lorsqu’on avoit affoibli l’alkohol par un mélange d’eau. Or, Réaumur s’en étoit tenu au rapport de 1 000 à 1 080, qui ne pouvoit convenir qu’à un alkohol un peu étendu d’eau, et il falloit chercher par tâtonnement le degré de mélange qui donnoit ce rapport.

On voit par là que Réaumur n’avoit employé que secondairement la chaleur de l’eau bouillante, et que le degré 80 sur son thermomètre étoit nécessairement situé plus bas que sur le thermomètre ordinaire, puisqu’il faut une chaleur moindre que celle de l’eau bouillante pour amener l’alkohol au degré où il est sur le point de bouillir.

La construction dont nous venons de parler fut généralement accueillie. On ne parla presque plus que du thermomètre de Réaumur ; et il se forma une liaison si intime entre ces noms, qu’aujourd’hui même encore, les thermomètres dont nous nous servons sont appelés

thermomètres