Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 1.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
135
DE PHYSIQUE.

terminant ce qui regarde ce fluide, de donner, sur cet objet, quelques détails qui sont liés à l’histoire de la physique. La combustion présente, en général, l’aspect d’un corps qui se dissipe, en produisant ce qu’on appelle communément chaleur et lumière. Dans le langage vulgaire, feu et combustion sont presque synonymes l’un de l’autre ; mais dans les idées des anciens philosophes, le feu étoit l’agent de la combustion. Ils le regardoient comme un principe fixé dans les corps, dont le dégagement produisoit la dissipation des molécules de la substance embrasée ; et c’étoit à ce même principe que Stahl avoit donné le nom de phlogistique. La manière dont les physiciens qui ont adopté la doctrine de cet homme célèbre expliquoient la combustion, étoit d’autant plus séduisante, que la cause dont ils faisoient dépendre ce phénomène s’offroit sous l’air d’une cause mécanique. Les molécules du feu élémentaire étoient logées dans celles des corps, comme dans autant de petites enveloppes, où elles éprouvoient une compression semblable à celle d’un ressort bandé. Dans la combustion, le feu, en s’échappant par sa force expansive, des particules par lesquelles commençoit la déflagration, imprimoit aux particules voisines une secousse qui occasionnoit leur rupture, par le débandement du feu qu’elles receloient ; et ainsi, de proche en proche, la commotion et, par une suite nécessaire, l’embrasement se communiquoit à toute la masse. L’air contribuoit à entretenir et à accélérer l’action du feu, en réagissant contre lui, et en opposant à sa dissipation un obstacle qui concentroit son action dans un espace plus étroit, et en augmentoit l’énergie.