Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 1.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
151
DE PHYSIQUE.

tière subtile, qui s’offroit sous l’apparence spécieuse d’une cause mécanique, mais que les phénomènes démentoient toujours par quelque endroit, quoiqu’on fût le maître de l’y adapter d’avance, en la modifiant à volonté, C’étoit comme le dernier refuge des tour billons qui, après avoir été bannis des espaces célestes, cherchoient à se maintenir dans les recoins de la nature où l’attraction, reproduite sous une autre forme, leur disputoit encore la place. On comparoit cette attraction à la première ; et comme elle sembloit en différer par sa manière d’agir, à raison des distances, et que d’ailleurs elle se modifie suivant la diversité des circonstances où elle agit, on accusoit les physiciens qui l’adoptoient, de la multiplier arbitrairement, et d’imaginer autant d’attractions particulières qu’il se présentoit de nouveaux faits à expliquer. Mais un examen attentif suffisoit pour faire reconnoître qu’en supposant même que cette attraction soit distinguée de la gravitation universelle, elle n’en est pas moins une force unique dans son genre, qui s’étend à une classe nombreuse de phénomènes, et dont les diversités dépendent de celles qui existent entre les corps mêmes sur lesquels son action s’exerce. Newton remarquoit que cette force une fois admise, la nature entière devenoit simple et partout d’accord avec elle même ; tandis que l’astronomie physique d’une part, et la physique ordinaire de l’autre, avoient chacune leur attraction, et partageoient entre ces deux forces l’explication des mouvemens qui, de loin, frappent nos regards, et de ceux qui demandent à être suivis de près. Mais peut-être même n’étoit-ce pas en dire