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DE PHYSIQUE.

cette différence n’étoit satisfaisante. Laplace, en réfléchissant sur un phénomène dont nous devons la connoissance à la chimie moderne, a conçu la possibilité d’en déduire la solution de la difficulté dont il s’agit. On sait que l’air, à mesure qu’on le condense, développe une partie de la chaleur latente qu’il renfermoit, et qui passe à l’état de chaleur sensible ; et au contraire, lors qu’on le raréfie, il absorbe une certaine quantité de chaleur sensible, qui devient chaleur latente. Or, dans la propagation du son, les molécules de l’air éprouvent successivement de petites condensations et de petites dilatations, semblables à celles d’un ressort qui, tour à tour, se comprime et se débande. Elles développent donc, au moment de la condensation, une petite quantité de chaleur, qui, en élevant leur température, augmente leur force élastique, d’où résulte une accélération dans la vîtesse de leur mouvement vibratoire. Lorsqu’ensuite le débandement, qui est une vraie dilatation, succède à la compression, la petite quantité de chaleur développée redevient insensible ; après quoi, les mêmes effets se répètent, et ainsi de suite ; d’où l’on voit que la propagation du son doit se faire plus rapidement que dans le cas d’une température uniforme.

La manière dont Biot a appliqué l’analyse mathématique à cette idée, lui donne un nouvel air de vérité. Cet habile géomètre a introduit dans la formule qui représente la vîtesse du son, d’après la théorie ordinaire, l’expression de l’accroissement de vîtesse que doit produire l’action de la chaleur ; et comme les quantités qui entrent dans cette expression ne pourroient être déterminées que très-difficilement par l’expérience, il s’est