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Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 1.djvu/425

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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

tricité ; et il est singulier de voir un corps, dont l’action sembleroit devoir être proportionnée à sa petitesse, soutirer si puissamment l’électricité accumulée sur une surface considérable, et arrêter presque entièrement, en un clin d’œil, tous les efforts du physicien, pour continuer de charger le conducteur.

416. Francklin est le premier qui ait observé ce pouvoir des pointes, et il crut d’abord l’avoir heureusement expliqué, d’après la comparaison entre une pointe et une petite force, qui exécute, en détail et par des actions répétées, ce dont une grande force est incapable, par une seule action dirigée vers la totalité de l’effet. Mais il se défia depuis de son explication, et il en fait l’aveu avec cette belle franchise qui est, pour les vrais savans, une autre manière encore de s’honorer que par des découvertes[1].

Sans nous arrêter à d’autres explications déjà réfutées, même par les partisans de ceux qui en étoient les auteurs, nous allons essayer de ramener le fait dont il s’agit à la théorie que nous avons adoptée.

417. L’observation prouve qu’un corps, même ar-

  1. Expér. et Observ. sur l’Électricité ; Paris, 1752, p. 144 et suiv. On voit par l’exposé que ce célèbre physicien fait lui-même de son idée, qu’elle lui a été suggérée par le trait si connu de Sertorius, qui, voulant montrer à ses soldats combien la persévérance est plus efficace que la fougue, ordonna à un homme bien constitué et plein de vigueur, d’arracher tout d’un coup la queue d’un cheval vieux et maigre, et à un autre homme, fluet et débile, d’arracher crin à crin la queue d’un cheval jeune et robuste. Ce dernier parvint, avec le temps, à remplir sa tâche : les efforts de l’autre n’aboutirent qu’à faire rire les spectateurs. Ibid., p. 152.