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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

Mais parce que les forces de l’aimant MN suivent la raison inverse du carré de la distance, elles agiront avec une intensité incomparablement plus grande sur les aiguilles voisines des extrémités m, n, que sur celles qui sont à une certaine distance de ces extrémités ; en sorte que si l’aiguille mn est un peu longue, l’effet de ces forces deviendra presque nul sur la partie moyenne de l’aiguille. Ainsi les fluides conserveront à peu près leur état primitif dans cette partie, d’où il résulte qu’elle ne différera pas beaucoup de l’état naturel.

Ce que nous avons dit de l’aiguille infiniment déliée mn, a également lieu par rapport à toutes les aiguilles dont un aimant MN d’une épaisseur sensible est l’assemblage, et cela en vertu des actions réciproques de ces aiguilles ; de manière qu’à l’instant même où cet aimant a été tiré de l’état naturel, il s’est établi dans son intérieur une distribution générale des deux fluides, semblable à celle que nous avons considérée par rapport à une seule aiguille, pour aider nos conceptions.

562. Il est facile maintenant de résoudre la difficulté que présente un phénomène qui a beaucoup étonné les physiciens, et dont Æpinus lui-même n’a donné qu’une explication peu satisfaisante. On coupe un barreau magnétique vers l’une de ses extrémités, de manière à en détacher une portion qui peut avoir si peu de longueur que l’on voudra, et à l’instant cette portion devient elle même un aimant complet, qui a encore ses deux moitiés sollicitées par des forces égales et contraires. Comment concevoir, dans les théories ordinaires, le double magnétisme dont se trouve pourvu, tout à coup, par une