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DE PHYSIQUE.

sorte de création, ce segment qui étoit auparavant tout entier dans un état unique, semblable à celui de la partie dont il a été ensuite séparé ?

Pour faire disparoître ce paradoxe, reprenons d’abord l’hypothèse de l’aiguille infiniment déliée mn, qui offre, comme nous l’avons vu, une succession de pôles opposés, égaux en forces, et contigus deux à deux, excepté le premier et le dernier, qui sont isolés. Il est bien évident que si l’on cassoit cette aiguille à un endroit quelconque de sa longueur, chaque partie auroit encore à ses extrémités deux pôles animés de forces égales et contraires, dont l’une, qui étoit d’abord isolée, avoit dès lors toute son intensité, et l’autre, qui étoit balancée par la force du pôle contigu, auroit été mise en activité, en se séparant de ce pôle.

La même chose aura lieu, si l’on suppose qu’une portion de l’aimant MN ait été détachée du reste, avec cette différence, que le pôle situé à l’endroit de la division aura d’abord plus de force que celui de l’extrémité opposée, puisque dans l’aimant encore intact les quantités de fluide alloient en croissant d’un pôle à l’autre, depuis chaque extrémité. Mais à l’instant même, l’état de tout le système changera de manière à satisfaire aux conditions de l’équilibre, qui exige que tout soit semblable de part et d’autre, à égale distance des extrémités.

563. Nous avons vu (458) que les tourmalines offrent un phénomène semblable ; et il est effectivement naturel de penser que les molécules intégrantes des corps, soit magnétiques, soit électriques, étant de petits cristaux complets, qui ont des formes similaires, et qui sont