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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

concave ne diffère du miroir plan qu’en ce qu’il rend plus convergens vers l’œil les deux côtés de l’angle visuel qui sous-tend la grandeur de l’image, ce qui ne change rien à la position de cette image, et en augmente seulement l’étendue. L’image, dans le même cas, paroîtra plus éloignée du miroir par derrière, que ne le sera l’objet en avant, puisqu’alors on pourra raisonner de chaque point de l’objet, comme nous avons fait (800) par rapport à un seul point radieux. Enfin, on conçoit que l’image doit être déformée, puisque ses différens points ne peuvent avoir les mêmes positions respectives que les points correspondans de l’objet, comme cela a lieu quand on se sert d’un miroir plan.

803. Une singularité des phénomènes que nous venons d’exposer, est qu’à mesure que l’objet s’approche du miroir, la distance apparente de l’image derrière le miroir augmente en même temps que la grandeur de cette image, en sorte qu’il arrive la même chose à cette image qu’à un objet dont les dimensions s’accroîtroient, tandis que cet objet s’éloigneroit de nous ; et ainsi, au lieu que, dans la vision ordinaire, nous jugeons toujours l’objet de la même grandeur, lorsqu’il recule devant nous, parce qu’en estimant l’augmentation de distance, nous rectifions l’erreur que la diminution de l’image au fond de l’œil pourroit occasionner dans le jugement que nous portons sur la grandeur réelle, ici, au contraire, où la distance et la grandeur de l’image croissent en même temps, la grandeur jugée doit aussi s’accroître dans un rapport considérable, puisque, en supposant que la distance apparente restât la même, il suffiroit que l’image augmentât dans ses dimensions,