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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

des substances solides, ou des substances humides, n’ont pas encore été offertes par l’expérience. Mais Volta soupçonne, ainsi que nous le dirons dans la suite, que la seconde est réalisée par la nature dans le règne animal.

511. Dans les piles ordinaires, les métaux subissent une prompte oxydation, dont l’inconvénient n’est racheté par aucune influence sensible pour favoriser le développement de l’électricité, comme nous le ferons voir dans la suite. De plus, les rondelles de drap mouillé que l’on interpose entre les élémens de la pile, se dessèchent en peu de temps, ce qui fait perdre à l’appareil son efficacité. De toutes les tentatives qui ont été faites pour parer à ces inconvéniens, aucunes n’ont eu plus de succès que celles d’Alliseau, jeune physicien recommandable par son zèle. Il a construit une pile dont les élémens sont séparés par des cercles de porcelaine remplis de cristaux de sel marin humecté d’eau. Cette pile ayant été soumise à des expériences comparatives avec une pile ordinaire, on a observé qu’au bout de 53 jours ses effets se soutenoient à peu près au même degré que quand elle étoit nouvellement montée, tandis que ceux de la pile ordinaire étoient anéantis au bout du troisième jour. Il falloit seulement avoir soin de réparer de temps en temps les pertes occasionnées par l’évaporation. La pile ayant été démontée, on trouva que les disques métalliques n’étoient que légèrement oxydés, ce qui offre un nouvel avantage joint à celui d’une permanence d’effets qui peut être très-utile dans certaines expériences[1].

  1. Extrait du Rapport fait à la Classe des Sciences Mathématiques et Physiques, le 8 messidor an 11, par Charles et Hallé, chargés d’examiner la pile dont il s’agit.