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DE PHYSIQUE.

Des Poissons électriques.

512. On connoissoit depuis long-temps la vertu qu’a un poisson du genre des raies, d’engourdir les membres de ceux qui le touchent : de là le nom de torpille qu’on lui avoit donné. Mais tandis que les premiers observateurs étoient embarrassés pour déterminer la cause de l’effet exprimé par ce mot, les Arabes avoient rencontré, comme par instinct, une dénomination puisée dans une analogie à la fois plus savante et plus vraie ; ils appeloient ce poisson râad ou raasch, nom qui, dans la langue de ces peuples, signifie tonnerre.

513. L’organe dont la torpille se sert pour exercer son pouvoir engourdissant, est composé d’un grand nombre de tubes aponévrotiques, d’une forme hexagonale et quelquefois pentagonale, rangés parallèlement les uns aux autres autour des branchies, et dont une base est adjacente à la peau de dessus et l’autre à celle de dessous. Tous ces tubes sont exactement fermés à leurs extrémités par une membrane aponévrotique, qui s’étend de chaque côté sur toute la surface de l’organe. De plus, chaque tube est traversé horizontalement par des feuillets aponévrotiques placés l’un au-dessus de l’autre à de petites distances, en sorte que le tube peut être considéré comme un assemblage de cellules superposées. L’intérieur de ces cellules est rempli d’une substance qui, d’après les expériences de Geoffroy, est composée d’albumine et de gélatine[1]. Enfin, tout cet appareil

  1. Voyez la description détaillée que ce savant naturaliste a donnée de la torpille et des autres poissons pourvus de la même