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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/107

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LA MAISONNETTE.

tures qui lui étaient commandées ; l’intimité devenait chaque jour plus grande ; déjà le tu affectueux avait succédé au vous ; aux baisers déposés sur le front ou sur la main avaient succédé de longs et délicieux baisers pris et rendus sur les lèvres ; les pauvres enfans croyaient s’aimer comme frère et sœur, et déjà l’amour le plus violent les embrasait. Georges s’aperçut le premier de la situation de son cœur ; mais, comme son âme était trop noble et ses intentions trop pures pour que la pensée lui vînt d’abuser de sa position, il résolut de s’expliquer sans détour :

— Justine, lui dit-il un jour, je t’aime de toute la puissance de mon âme ; toi seule peux faire le bonheur de ma vie… Te sens-tu assez d’amour pour faire le serment de ne me quitter jamais ?

— N’es-tu pas mon sauveur, Georges,