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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/138

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JUSTINE.

ce pas, ma poule ?… Nom de Dieu, est-ce que tu as la langue gelée ?

Justine ne pleurait plus ; elle semblait anéantie ; ce n’était pourtant là que le prélude de ce qu’elle devait entendre bientôt. On lui fit monter un escalier sombre ; elle parcourut ensuite un étroit corridor, à l’extrémité duquel son conducteur ouvrit une porte ; puis, prenant la jeune fille par le bras, il la jeta dans une chambre où le jour ne pénétrait qu’à travers d’épais barreaux, en lui disant :

— C’est pas le tout de se lever matin, il faut arriver à l’heure ; la distribution du pain est faite ; serre-toi le ventre jusqu’à demain.

En un instant Justine fut environnée d’une vingtaine de femmes, les unes jeunes, les autres vieilles, mais ayant toutes le