Aller au contenu

Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
127
LA PRISON.

dégoûtante. Cela dura jusqu’à la nuit. Le lendemain Justine fut de nouveau sommée de renouveler la provision d’eau-de-vie, et, comme elle n’avait plus d’argent, on mit à l’enchère les vêtemens qu’elle portait. La pauvre fille eut beau s’en défendre, il fallut qu’elle se dépouillât, et qu’elle se contentât d’une guenille qu’on lui donna pour lui tenir lieu de chemise. Ce jour se passa comme le précédent, à part l’ivresse, qui fut moins complète, la vente des vêtemens ayant produit peu de chose. La nuit vint de nouveau : quelle nuit ! l’infortunée Justine, transie de froid et se mourant d’inanition, la passa presque entièrement à se défendre contre les attaques de ces êtres corrompus, accoutumés aux excès de la plus hideuse débauche… Enfant à l’âme chaste, au cœur sans souillure, il lui fallut se débattre dans cette fange… Et pourtant elle était là légalement ! c’était légalement qu’on avait jeté cet ange