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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/154

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JUSTINE.

qui avait été son libérateur ; et, pour le sauver, il fallait qu’elle se fît parjure, qu’elle mentît à Dieu et aux hommes, qu’elle s’exposât à être frappée d’une peine infâmante pour crime de faux témoignage ! L’alternative était horrible ; Justine était au désespoir, les consolations que lui prodiguait sa mère adoptive étaient impuissantes.

Enfin le jour terrible, ce jour tant redouté arriva ; douze jurés, qui venaient de déjeuner gaiement, entrèrent dans le prétoire le sourire sur les lèvres ; le président et les conseillers prirent place en s’entretenant à demi-voix de la soirée ministérielle à laquelle ils avaient assisté la veille ; l’avocat du roi monta à la tribune en fredonnant un air d’opéra-comique… Ces beaux messieurs se disposaient à juger un homme, à le condamner, et à l’envoyer à l’échafaud : c’est un métier dont nous faisons grand cas, nous