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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/228

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JUSTINE.

tine ; mais, dans la situation d’esprit où elle se trouvait, il lui semblait que cet homme fût envoyé du ciel pour la secourir, et il ne lui vint pas le moindre soupçon. Elle commença donc, après s’être recueillie pendant quelques instans, et fit avec une touchante naïveté le récit des maux qu’elle avait soufferts depuis que la mort de son père l’avait laissée sans appui. À mesure qu’elle parlait, le visage de l’aumônier s’animait davantage de fréquentes exclamations témoignaient de l’intérêt croissant que lui inspirait la jeune orpheline.

— Si tout cela est vrai, comme je le crois, ma fille, dit-il lorsque Justine eut terminé son récit, vous devez avoir horreur du monde.

— Ah ! mon père, je ne puis croire que les hommes soient tous aussi méchans que ceux qui m’ont fait souffrir.