Aller au contenu

Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
UN AUMÔNIER.

— Vous avez tort de ne pas le croire, mon enfant : votre œil n’a point encore mesuré la profondeur de cette sentine d’iniquité qui a failli vous ensevelir. Renoncer au monde, c’est renoncer à l’enfer…

Il se fit quelques instans de silence : ce fut Justine qui le rompit.

— Mon père, dit-elle, oserai-je vous demander où vous me conduisez ?

— Chez moi, mon enfant.

La pauvre fille tressaillit involontairement ; le prêtre s’en aperçut et reprit :

— J’espère que le caractère dont je suis revêtu ne vous permettra pas de concevoir des craintes. D’ailleurs vous occuperez seule ce pied-à-terre ; et, tant que vous y serez, je logerai à la caserne d’où mes fonctions ne me permettent pas souvent de m’écarter.