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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/264

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JUSTINE.

que les momens étaient précieux ; quelques minutes de réflexion pouvaient lui enlever le fruit de ses infernales machinations : il tira donc brusquement un livre de sa poche.

— Jurez, dit-il, jurez sur le saint Évangile que vous vous rendrez à mes vœux.

— Quel épouvantable sacrilége !

— Jurez de m’appartenir, ou, dans une heure, vous serez la proie du bourreau.

Ces dernières paroles rendirent à la malheureuse fille les forces nécessaires pour consommer l’action qu’elle regardait comme un crime infâme ; le désir de vivre l’emporta sur tout : elle ne voulait pas mourir si jeune… elle jura !

— Maintenant, mon ange, dit l’abbé, notre bonheur commun est assuré… Oh ! mon enfant, j’ai payé bien cher les quelques