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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/29

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DÉPRAVATION.

jugés ; c’est prodigieux ! des gens comme il faut, se nourrir l’esprit de cette grossière pâture faite pour le peuple… Que le peuple doive avoir une conscience, c’est bien ; qu’il croie à la vertu, je ne m’en plains pas, au contraire ; c’est là un frein bien imaginé, grâce auquel un manant qui meurt de faim n’osera pas me dérober une épingle. Mais des gens de condition avoir de ces travers d’esprit, voilà ce qui confond l’imagination… Eh ! sots que vous êtes, jouissez donc de la vie ! Vous aimez les femmes, et vous prônez la chasteté ! vous voulez être et rester riches, et vous vantez la probité ! il vous faut des émotions, et des scrupules puérils retiennent votre poignard dans le fourreau !…Soyez donc conséquens ; ayez le courage de ne pas mentir à votre organisation. La nature, en vous jetant des passions dans le cœur, vous a donné les moyens de les satisfaire : usez-en, ou renoncez à la