Aller au contenu

Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
296
JUSTINE.

cette fois, ce n’étaient plus seulement des baisers sur le front, c’étaient des lèvres brûlantes qui pressaient les lèvres vermeilles de l’orpheline ; c’étaient des soupirs, de tendres étreintes, des paroles entrecoupées ; puis à de courtes extases succédaient de tendres propos, et le langage de la douairière devenait si clair, que Justine ne pouvait plus se faire illusion : la pauvre enfant cherchait un appui pour sa vertu, et elle ne trouvait partout que corruption. La marquise toutefois lui semblait moins coupable que tous les misérables qui avaient tenté de flétrir sa jeunesse et son innocence, car elle ignorait son sexe, et bien certainement elle ne pouvait songer à employer la violence. Aussi Justine prit-elle la résolution de ne rien négliger pour maintenir sa protectrice le plus long-temps possible dans l’erreur où elle se trouvait ; car l’important, pour échapper aux poursuites de la police, était de gagner du