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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/319

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LES FORÇATS.

L’exaltation de la douairière allait croissant ; il fallait se hâter de fuir, Justine le sentit, et, s’élançant hors du lit, elle s’habilla promptement et disparut avant que la marquise eût songé à faire un mouvement pour la retenir. Elle sortit du château, suivit le premier chemin qui se présenta et marcha pendant plusieurs heures sans s’arrêter. Lorsqu’elle fut un peu remise de la frayeur que lui avait causée cet événement, elle se félicita de la tournure que les choses avaient prise : un assez long temps s’était écoulé depuis son évasion de la prison pour que les recherches dont elle avait pu être l’objet eussent cessé ; le costume qu’elle avait conservé la mettait à l’abri de la séduction, et, grâce à la générosité de la marquise, elle possédait une somme assez considérable pour pourvoir à tous ses besoins jusqu’à ce qu’elle fût arrivée dans quelque contrée éloignée, où elle pourrait vivre de son travail. La pauvre fille entre-