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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/320

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JUSTINE.

voyait ainsi le terme de ses malheurs, et l’espérance doublait ses forces ; de sorte que, vers la fin du jour, elle était déjà bien loin du lieu qu’elle avait quitté le matin. Elle résolut donc de s’arrêter au premier village qu’elle trouverait et de passer la nuit dans une auberge, où il lui serait facile de se faire passer pour un séminariste qui retourne dans sa famille.

Tout cela se fit comme elle l’avait désiré. La vue d’une pièce d’or, qu’elle changea pour faire l’aumône à un mendiant qui se tenait à la porte de l’auberge, stimula singulièrement le zèle de l’hôtesse. Monsieur l’abbé eut donc la plus belle chambre et le meilleur lit, et tout le monde se mit en mouvement, à la cuisine, pour que le souper de monsieur l’abbé fût digne d’un fils de famille qui avait la bourse si bien garnie.

Il ne faisait pas encore entièrement nuit,