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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/345

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CALME ET TEMPÊTE.

— Georges, Georges, mon bien-aimé ! écoute-moi, je t’en conjure, disait la pauvre fille en joignant les mains. Pourquoi désespérer ainsi de l’avenir ?… Sois mon frère et mon protecteur jusqu’à ce que tu puisses devenir mon époux. Ne sais-tu pas que je ne puis et ne veux vivre que pour toi ? N’es-tu pas mon bien le plus précieux, l’âme de ma vie ?… Georges, ne transgressons pas les lois divines ; n’offensons pas le ciel au moment même où le bras puissant de la Providence vient de nous tirer de l’abîme où nous étions plongés…

Elle était si belle en parlant ainsi, l’accent avec lequel elle prononçait ces paroles les rendait si éloquentes, qu’elle parvint bientôt à rendre un peu de calme dans l’âme du pauvre Valmer. Après quelques instans de silence, il la prit dans ses bras, déposa un baiser sur son front, et dit :