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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/384

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JUSTINE.

une nouvelle sentence l’envoyait vivant au bagne pour qu’il y restât jusqu’à ce que mort s’en suivît. Justine était au désespoir ; le comte de Bonvalier s’évertuait à la consoler : il disait que les choses étaient en bon train ; que l’ordonnance de commutation allait être incessamment présentée à la signature du roi, et que le malheureux condamné ne quitterait pas Lyon. Du reste, le protecteur était toujours fort respectueux ; il parlait quelquefois du bonheur qu’il trouverait à posséder une femme jeune, belle et vertueuse ; il soupirait en baisant tendrement la main de Justine ; mais cela n’allait jamais plus loin, et la jeune fille n’en pouvait raisonnablement concevoir aucune alarme.

Cependant les ressources de l’orpheline s’épuisaient rapidement ; elle avait payé fort cher le meilleur avocat du barreau de Lyon dont l’éloquence avait été impuissante, elle