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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/391

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LE COMTE ET LE BANDIT.

— Nous avons de puissantes protections…

— Mon Dieu, mon enfant, en êtes-vous à savoir que la plus belle phrase ne vaut pas un écu ? Vos protecteurs parleront et n’agiront pas : ceux que je vous propose feront beaucoup de besogne sans rien dire.

Justine était violemment agitée ; mais ce qu’on lui proposait était si horrible, et elle avait encore tant de confiance dans les paroles du comte, qu’elle n’hésita pas à rejeter les propositions du vieux Guibard.

— Ma foi ! je l’avais deviné, dit le vieux forçat en se retirant ; et pourtant ces gens-là se vantent d’avoir du cœur : que feraient-ils donc s’ils n’en avaient pas ?… Ainsi le pauvre garçon ira à la double chaîne, jusqu’à ce qu’il plaise au diable d’avoir pitié de son âme !… Et voilà une mijaurée qui fait les beaux bras, en disant : Mon Georges ! mon cher Georges ! mon bien-aimé !… et trente