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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/392

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JUSTINE.

mille autres calembredaines à faire dormir debout des gens qui ont le sens commun…

Et moi, sacredieu ! je me ferais casser bras et jambes, je risquerais dix fois ma tête pour être utile à un si brave garçon ! et, s’il arrive que tant de dévouement soit récompensé par la guillotine, je serai toujours Guibard le vieux forçat ! Guibard le redoutable, l’implacable !… Guibard, qu’on appellera le féroce, parce que je ne voudrai jamais reconnaître deux natures humaines, l’une qui veut et qui peut, et l’autre qui veut et qui ne peut pas !… Et puis tous ces idiots qui disent oui quand le premier a dit oui ; tous ces pantins qui dansent quand le pantin en chef tire la ficelle ; tous ces moutons de Panurge qui sautent le fossé quand le premier l’a sauté, tout cela se croit quelque chose dans l’immensité ! Tout cela dit : ma foi, ma conscience, mon honneur… Quant à moi, je fais bien plus de cas de la foi et de l’hon-