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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/45

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DEUX SŒURS.

— Quant à moi, je pense qu’il était difficile d’être mieux servi par le hasard. L’aînée, la blonde, est un véritable chérubin jeté tout exprès sur cette terre pour donner à l’homme un avant-goût des délices du paradis ; la brune est un démon qui me ferait aimer l’enfer, si j’y croyais… Décidément, je suivrai l’ordre chronologique… Mais il me semble qu’elles tardent bien à sonner… Les pauvres petites sont si neuves, qu’il se pourrait que la timidité… Je vais voir ce qu’il en est.

Justine, épouvantée, s’enfuit précipitamment, et, de retour dans sa chambre, se mit à sonner de manière à briser les cordons.

— Pardon, mes belles pupilles, dit le comte, qui arrivait presque en même temps qu’elles ; mais votre silence commençait à m’alarmer.

Il leur offrit de nouveau la main, et les