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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/482

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RETOUR À PARIS.

daines, et espérant être grassement récompensé de sa complaisance, répondait pour eux chaque fois que les gendarmes demandaient les passe-ports des voyageurs ; aux uns il disait que Georges était son cousin, aux autres qu’il était son neveu, lequel, sous sa sauvegarde, à lui conducteur de diligence et gardien naturel des bonnes mœurs sur le grand chemin, conduisait dans sa famille sa jeune fiancée. Il arrivait souvent qu’à ce mot de fiancée les amans se regardaient ; le beau visage de Justine se couvrait d’une admirable rougeur, son cœur battait plus fort et plus vite que de coutume ; et reportait tristement vers la terre ses yeux charmans où se peignaient si bien le désir, l’espoir et la crainte. Georges alors lui serrait la main, et lui disait tout bas :

— Les lois ne semblent-elles pas faites pour protéger les méchans et faire souffrir les bons ? Qu’y a-t-il besoin de loi entre toi et moi ?