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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/483

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JUSTINE.

L’orpheline tressaillait ; il se passait en elle quelque chose d’indéfinissable, qui tenait à la fois de la douleur et de la joie, et, après un moment de silence, elle répondait en soupirant :

— Georges, ce n’est pas la loi de Dieu qui est contre nous.

Enfin, ils arrivèrent à Paris sans avoir éprouvé le moindre accident désagréable. Georges se hâta de louer un appartement modeste qu’il garnit d’un mobilier peu coûteux, des ustensiles nécessaires au ménage, et ils recommencèrent à vivre d’une vie délicieuse, bien qu’elle ne fût pas sans danger pour leur vertu. Plus d’un mois s’écoula ainsi ; les amans ne se quittaient presque pas ; la plus courte séparation leur causait tant d’alarmes, que Georges n’avait cherché aucun emploi, et que ni l’un ni l’autre n’avaient songé à rendre productifs les talens