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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/58

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JUSTINE.

minces souliers dont elle était chaussée ayant été bien vite mis en lambeaux. À ces douleurs vinrent se mêler les tortures de la faim ; la pauvre enfant levait, de temps en temps, ses yeux baignés de larmes vers le ciel, et priait Dieu de ne pas l’abandonner ; mais, lorsqu’elle laissait retomber ses regards vers la terre, il y avait toujours devant elle une longue route dont elle n’apercevait pas le terme ; ses pieds étaient à chaque instant plus ensanglantés, et la faim qu’elle ressentait devenait plus intolérable. Enfin elle arriva exténuée, et dans un état déplorable, à un village, où elle résolut de demander l’hospitalité. Justine s’arrêta donc à la porte d’une ferme de très-belle apparence, recueillit ses forces, tâcha par tous les moyens possibles de s’affermir dans sa résolution, puis, d’un pas timide et chancelant, elle traversa la cour qui la séparait du corps de logis, et, trou-