Aller au contenu

Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/616

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
175
TRANSITION BRUSQUE.

Justine, à ces mots, ne put se défendre d’un mouvement de dégoût ; le vieux forçat s’en aperçut.

— Mon enfant, lui dit-il, je ne suis pas de ces gens qui veulent servir de modèle au genre humain : je veux bien que l’on fasse autrement que moi, pourvu que l’on consente à me laisser faire autrement que d’autres. Veuillez donc m’écouter ; ce ne sont pas des leçons que je donne, c’est mon histoire que je raconte.

Justine s’excusa en balbutiant, et Guibard, après s’être un moment reposé, continua :

— L’argent du colonel ne fit que paraître et disparaître ; puis la misère vint, et le jour arriva où, de mes vingt mille francs de revenu, il ne me resta pas de quoi dîner. Heureusement, j’étais jeune et vigoureux ;