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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/617

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JUSTINE.

je n’avais jamais connu la crainte, et l’on se battait sur la frontière. Mon parti fut bientôt pris ; je m’engageai dans un régiment de hussards. C’était bien ; mais ça ne pouvait pas me plaire long-temps ; à peine eus-je perdu ma liberté que j’en sentis tout le prix ; je me repentis de l’avoir engagée si légèrement, et je finis par déserter d’une place forte où mon régiment tenait garnison. Quinze jours après je fus arrêté et conduit en prison. Au nombre des personnages que je rencontrai dans les limbes où j’entrais pour la première fois, j’en remarquai un vers lequel je me sentis naturellement entraîné : il y avait du sarcasme dans son regard ; tous les autres prisonniers semblaient lui faire pitié. Je crus m’apercevoir qu’il me regardait avec quelque attention ; j’en fus presque flatté, et je m’efforçai de me montrer digne de la déférence qu’il me témoignait. Lorsque j’entrai dans cette prison, la vie commençait à m’être insupportable à ce