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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/618

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TRANSITION BRUSQUE.

point que j’avais pris la résolution de me laisser fusiller sans réclamation ; mais l’homme dont je vous parle ne tarda pas à me faire changer d’avis.

— Mon brave camarade, me dit-il quand je lui eus dit ce qui m’était arrivé, nous sommes logés à la même enseigne, mais nous ne sommes pas du même avis : on ne meurt qu’une fois et le plus tard est le meilleur. Pour moi je ne mourrai que si je ne peux pas faire autrement ; mais j’espère bien que d’ici là il y aura encore de la marge.

— Et n’est-ce pas mourir mille fois que de vivre misérable, sans liberté, sans argent ?…

— La liberté, mon cher ami, est plus facile à recouvrer pour nous que vous ne l’imaginez, et des gens d’esprit qui sont libres ne manquent jamais d’argent. Vous êtes ruiné, je le suis aussi ; peu importe com-