Aller au contenu

Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/619

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
178
JUSTINE.

ment cela s’est fait ; il est certain que ce que nous possédions est passé en d’autres mains ; et, comme rien n’est stable ici-bas, il ne nous faudrait pas de grands efforts de génie pour que ce que d’autres possèdent passât dans les nôtres. Vous, c’est le gouvernement qui vous a dépouillé ; moi, ce sont les usuriers ; je ne dis pas qu’ils aient eu tort, et je pense que nous aurions raison de prendre notre revanche. Nous n’avons plus ce que nous avions ; mais nous avons ce que nous n’avions pas, c’est-à-dire de l’expérience, chose précieuse que l’on paie rarement trop cher.

Ce langage n’était pas de nature à effaroucher un homme de ma trempe ; le raisonnement de mon compagnon de captivité me parut extrêmement juste, et je lui déclarai que je me sentais disposé à suivre ses conseils, ou plutôt à obéir à ses ordres, en raison de la supériorité que je lui reconnaissais.