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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/646

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LE ROI IMPROVISÉ.

autre ordre ; nous parlerons de cela dans des temps meilleurs.

À ces mots je me levai ; tout le monde en fit autant, et l’on me conduisit dans l’appartement d’honneur à la porte duquel un valet, déguisé en soldat, fut placé en sentinelle, fusil sur l’épaule. Rien ne manquait pour que l’illusion fût complète, il ne m’eût pas fallu de grands efforts d’imagination pour me croire réellement un roi sans états ; mais j’avais l’esprit occupé de tout autre chose. La charmante Éléonore me troublait déjà la cervelle, et je présageais que ce n’était pas là une fantaisie, une passion d’un jour comme celle que m’avait inspirée autrefois la marquise de Ravelli ; ce n’était pas ma tête qui était prise cette fois, mais mon cœur. La nuit se passa sans qu’il me fût possible de dormir ; je pensais plus à la fille de cet homme, qui se croyait duc sur ma parole, qu’à ces cinquante mille écus qu’il de-