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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/684

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LE BIEN ET LE MAL.

pour vous faire jeter en prison à l’instant même ?… Qui êtes-vous en effet, la fille d’un aristocrate qui porte les armes contre la nation, d’un Vendéen révolté… Choisissez maintenant entre ma colère et ma pitié.

Cette scène, qui se passait dans la chambre à coucher d’Éléonore, durait depuis fort long-temps ; je me retirai après avoir ainsi menacé cette jeune fille, naguère si timide et si tendre, espérant que la nuit lui ferait faire de salutaires réflexions. J’étais vivement affligé ; mon cœur venait d’être horriblement froissé : mon premier pas dans la carrière du bien n’était pas encourageant ; les suites furent bien pires.

La terreur était alors au plus fort de son règne ; il fallait fort peu de chose pour être arrêté, et il n’y avait qu’un pas de la prison à la guillotine. Nous avions parlé très-haut, Éléonore et moi ; ma maîtresse, surtout,