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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/143

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chapitre xxvii

humet, qui ſe vente en ſon Alchoran auoir en ſes genitoires la force de ſoixante guallefretiers. Il a menty, le paillard. Ne me alleguez poinct l’Indian tant celebré par Theophraſte, Pline, & Athenæus[1], lequel auecques l’ayde de certaine herbe le faiſoit en vn iour ſoixante & dix fois & plus. Ie n’en croy rien, le nombre eſt ſuppoſé. Ie te prie ne le croyre. Ie te prie croyre (& ne croyras choſe que ne ſoit vraye) mon naturel le ſacre Ithyphalle meſſer Cotal d’Albingues, eſtre le prime del monde[2]. Eſcoute ça, couillette. Veidz tu oncques le froc du moine de Caſtres[3] ? Quand on le poſoit en quelque maiſon, feuſt à deſcouuert, feuſt à cachettes, ſoubdain par ſa vertus horrificque tous les manens & habitans du lieu entroient en ruyt beſtes & gens : homes & femmes, iusques aux ratz & aux chatz. Ie te iure qu’en ma braguette i’ay aultres foys congneu certaine energie encores plus anomale. Ie ne te parleray de maiſon ne de buron : de ſermon ne de marché : mais à la paſſion qu’on iouoit à ſainct Maixent[4] entrant vn iour dedans le parquet ie veidz par la vertus & occulte proprieté d’icelle ſoubdainement tous tant ioueurs que ſpectateurs entrer en tentation ſi terrificque, qu’il ne y eut Ange, Home, Diable, ne Diableſſe, qui ne vouluſt biſcoter. Le Portecole abandonna ſa copie : celluy qui iouoit ſainct Michel, deſcendit par la volerie : les Diables ſortirent d’enfer, & y emportoient toutes ces paoures femmelettes : meſme Lucifer ſe deſchayna. Somme, voyant le deſarroy, ie deparquay du lieu : à l’exemple de Caton le Cenſorin[5] : lequel voyant par ſa præſence les feſtes Floralies en deſordre, deſiſta eſtre ſpectateur.


  1. Par Theophraſte, Pline, & Athenæus. Voyez Théophraste, III, 5 ; Pline, XXVI, 10 ; Athénée, I, 12.
  2. Le prime del monde. « Le premier du monde. » Locution italienne dont l’emploi, alors fréquent dans notre langue, est blâmé par Henri Estienne dans ses Dialogues du nouueau langage françois italianizé, A Envers., 1579, p. 76 et 85.
  3. Le froc du moine de Caſtres. Sur les effets du froc, voyez ci-dessus, p. 134, la note sur la l. 11 de la p. 145.*
    * Il me faict le corps tout ioyeux. Dans Le moyen de parvenir (p. 70), un religieux « va prendre vn mouton mignon, qui eſtoit au préau, & l’enueloppa de ſon froc ; puis vint à ſon pere, & le lui montra. Ce mouton bondiſſoit, ſautoit, faiſoit l’enragé. « Eh bien ! mon pere, que dites-vous de cela ? I’eſtois iadis vn mouton, comme celui-là ; auiourd’hui i’ai le froc, qui me fait ainſi pétiller ! »
  4. A la paſſion qu’on iouoit à ſainct Maixent. Voyez t. II, p. 315.
  5. A l’exemple de Caton le Cenſorin. « Eodem ludos florales, quos Messius ædilis faciebat, spectante, populus ut mimæ nudarentur postulare erubuit : quod cum ex Favonio, amicissimo sibi, cognovisset, discessit e theatro, ne præsentia sua spectaculi consuetudinem impediret. » (Valère Maxime, II, 10)