Aller au contenu

Page:Rabelais marty-laveaux 04.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
commentaire

L. 23 : Vn noble prince n’a iamais vn fou.

Vn noble, prince ou roy,
N’a iamais pile ne croix,

dit Gabriel Meurier ou Murier dans son Recueil de ſentences notables, Anvers, 1568, in-12. Voyez Leroux de Lincy, Le livre des proverbes françois, seconde édition, t. II, p. 96}. Il est probable que c’est ici la reproduction à peu près textuelle d’un proverbe populaire antérieur à la publication de Gargantua.

Page 125, l. 25 : Le pauure monſieur du pape. Cette addition de la particule nobiliaire est un artifice comique que Rabelais a employé plus d’une fois : « il… vous print monſieur de l’Ours » (t. I, p. 234) ; « de quel meſtier ſerons nous monſieur du roy icy ? » (ibid., p. 369). La Fontaine n’a garde de l’oublier et fait dire au renard dans sa seconde fable :

Et bon jour, Monſieur du Corbeau.

Geofroy Tory attribue aux « plaisanteurs » l’expression « Monsieur du Page. » Voyez ci-après, p. 168.

Page 126, l. 18 et 30 : Que boyrons nous par ces deſers ?… nous ne beumes poinct frais.

J’ai paſſé les deſerts, mais nous n’y bûmes point,

dit, dans la fable de La Fontaine intitulée Le Rat et l’Huître, certain rat, qui, à peine sorti de son trou, tient à se faire passer pour un grand voyageur. On a remarqué avec raison dans ce passage de Rabelais le piquant emploi du verbe au passé, ce qui présente l’expédition projetée comme déjà accomplie. Perrette aussi, à laquelle nous allons revenir tout à l’heure, passe dans ses projets du futur au passé avec une promptitude amusante :

Le porc à s’engraiſſer coûtera peu de ſon ;
Il eſtoit quand je l’eus de groſſeur raiſonnable.

(La Fontaine, La Laitière & le Pot au lait)