Page:Rabelais ou imitateur - Le Disciple de Pantagruel, éd. Lacroix 1875.djvu/85

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entre les troys armées, qui les separasmes, c’eust esté pitié de l’occision qui y eust esté ; mais nous les feismes retirer chascun en son quartier, dont ilz nous sceurent bon gré en nous faisant à tous la moue.

Et pource que nous avions laissé de noz gens pour garder nostre navire, nous amplismes plusieurs flacons, barilz, ferrieres et bouteilles d’icelluy vin pour leur porter, avec force craquelins, oublies, gasteaulx, eschauldez et fromages, dont ilz s’emplirent si fort qu’ilz s’enyvrerent et dormirent plus d’ung moys sans reveiller ; parquoy nous fusmes contrainctz de leur bouter le feu au cul, car nous avions peur qu’ilz ne mourussent en l’etargie, sans jamais resveiller.

Nous passasmes d’ung fleuve en l’aultre en des basteaux que nous fismes de moitié de cosses de febves, car elles y croissent si grandes que nous estions bien trente à passer en la moytié d’une.