Page:Rabelais ou imitateur - Le Disciple de Pantagruel, éd. Lacroix 1875.djvu/95

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sent saulté sur noz piedz, c’estoit assez pour nous escacher les arteilz, pource qu’ilz sont fort lourdz et pesantz. Et puis la saulce des pastez nous eust tous gastez noz beaux habitz et eschauldé noz visaiges.

Apres qu’ilz eurent bien saulté, dancé et balle, je feiz cesser mes gens de jouer, pource que iceuk tous estoient fort las et travaillez et quasi hors d’alaine ; et puis se meirent à chanter, de sorte que c’estoit une chose admirable de les ouyr, car ilz ont fort belles voix et grosses qui sont armonieuses et bien entonnez.

En icelle ysle, qui a esté aultresfois, comme je croy, séparée par la mer d’avec les susdictes Isles Fortunées, y a ung couvent de marmotz, comme vous diriez en l’ysle d’Oleron ou de Blanet ung couvent de bordeliers ; lesquels marmotz sont fort bons religieux et devotz, et n’y habitent nulles aultres gens.

Ilz vivent des pastez, qui sont tousjours chaulx esdictz fours, et font leur service en marmotin, tellement que nostre truchement ne les entendoit point, car il n’avoit jamais esté par delà. En icelle ysle nous ne veismes aultre chose de nouveau qui soit digne de mémoire.