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Page:Rabutin - Correspondance, t. 1, éd. Lalanne, 1858.djvu/22

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CORRESPONDANCE DE BUSSY-RABUTIN.
2. — Mademoiselle de Montpensier à Bussy.
À Eu, ce 12 septembre 1666.

J’avois chargé Segrais[1] de vous faire mes compliments, en attendant que je m’en acquittasse. Je vous assure que j’ai bien eu de la joie de votre liberté et que je vous ai bien plaint dans votre prison. Je souhaite que toutes vos souffrances vous aient servi pour votre salut, et que vous accomplissiez la prophétie que madame de Chantal[2] a faite de vous, que vous seriez le saint de votre race. Vous direz, si vous voulez, que je prêche ; mais si je ne vous aimois bien, je ne vous parlerois pas ainsi.

3. — Bussy au duc de Noailles[3].
À Bussy, ce 11 (ou 14) octobre 1666.

On m’écrît qu’on parle fort de guerre. Vous jugez bien, monsieur, de l’effet que ce bruit-là peut faire dans le cœur d’un homme qui a servi toute sa vie et qui meurt d’envie de donner à son maître de l’estime pour lui et de lui faire voir le zèle qu’il a pour son service. Si vous trouviez occasion, monsieur, de lui dire ceci, je vous serois infiniment obligé. J’attends cette grâce de vous ; car je suis assuré que vous ne me faites pas seulement plaisir, parce

  1. J. Regnauld de Segrais, poëte et littérateur, membre de l’Académie française, né à Caen en 1624, mort en 1701. Il était secrétaire de Mademoiselle.
  2. J.-F. Frémiot, dame de Chantal, aïeule de madame de Sévigné, née à Dijon en 1572, morte en 1641. Elle fonda avec saint François de Sales l’ordre de la Visitation et fût canonisée en 1767 par Clément XIII.
  3. Anne, premier duc de Noailles, mort en 1678.